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10 juillet 2024Contrairement à la plupart de ses voisins, qui ont une langue nationale dominante, la Belgique en possède deux : le néerlandais et le français (l’allemand, troisième langue officielle, ne représentant que 1,5% de la population). En conséquence, l’édition bilingue est devenue une spécialité belge – avec ses particularités et ses contraintes. Quelles sont les meilleures solutions pour imprimer des contenus en deux langues ?
En Belgique, la question se pose fréquemment aux éditeurs de livres et de magazines, aux organismes et aux entreprises qui veulent imprimer un rapport d’activité, des brochures, des dépliants, etc. : faut-il les traduire ? À moins de s’adresser exclusivement au public wallon ou flamand, la réponse est souvent « oui ».
Outre les frais de traduction (un conseil : pour un résultat de qualité, ne faites pas aveuglément confiance à l’intelligence artificielle), il faudra mettre en page puis imprimer dans les deux langues, ce qui peut se faire selon différentes formules, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Pour les illustrer, prenons un exemple : un magazine de 48 pages A4, publié par une association qui aurait 2.500 affiliés francophones et 1.000 néerlandophones. Si vous avez lu notre article consacré aux frais d’impression, vous savez que 48 pages A4 équivalent à 3 feuilles B2 recto-verso, à multiplier par le tirage.
1. Une édition dans chaque langue
C’est la solution la plus ciblée : on imprime deux versions linguistiques du document, en s’adressant à chaque lecteur dans sa langue – et uniquement la sienne. Dans ce cas, on commence généralement par mettre en page la première langue, puis on remplace les textes et on « coule » la deuxième langue.
Dans notre exemple, on imprimerait donc (48x2.500) + (48x1.000) = 168.000 pages, soit 10.500feuilles au total.
L’un des avantages de cette formule, c’est qu’elle offre une certaine flexibilité : si un contenu est spécifiquement destiné à une partie du public (par exemple, un article sur la réglementation régionale wallonne ou flamande), on peut facilement le remplacer par un autre contenu dans l’autre langue. L’inconvénient, c’est qu’il faut gérer deux éditions, donc deux stocks. S’il s’agit d’un livre ou de brochures à distribuer, il est rare que les estimations soient parfaitement correctes : on prévoit toujours trop d’exemplaires d’une langue, trop peu de l’autre ; une édition est épuisée alors que l’autre encombre les réserves… S’il s’agit d’un magazine expédié par la poste, il faudra scinder la liste d’adresses – et gérer correctement la banque de données.
2. L’édition tête-bêche
On peut choisir de réunir les deux versions linguistiques en un seul produit tête-bêche : le bloc en français est accolé au bloc en néerlandais, en sens inverse. La gestion du stock s’en trouve simplifiée, puisqu’il n’y a qu’un seul produit – et chaque lecteur y trouve son compte.
Cette solution peut s’avérer adaptée à certains produits, par exemple des dépliants ou des brochures distribuées dans les musées ou les offices de tourisme. Elle présente toutefois un gros inconvénient : on imprime nettement plus de papier, puisque chaque exemplaire comprend intégralement les deux langues.
Dans le cas de notre magazine, on imprimera (2×48=96 pages) x3.500 exemplaires = 336.000 pages, soit 21.000 feuilles. C’est le double de la formule précédente ! Autre inconvénient : si le magazine est envoyé par la poste, les frais d’expédition, calculés au poids, risquent d’être nettement plus élevés.
3. La mise en page en vis-à-vis
C’est un compromis entre les deux solutions précédentes. Les deux langues sont toujours intégrées en un seul produit mais, au lieu d’être accolées tête-bêche, elles sont mises en page l’une en face de l’autre : le français en page ou en colonne de gauche, le néerlandais à droite, ou inversement. Cette formule réduit toutefois les possibilités du graphiste et peut « figer » la mise en page. L’avantage, s’il s’agit d’un produit illustré, c’est qu’il ne faudra placer qu’une seule fois les images, généralement au milieu des deux pages ou des deux colonnes. Par rapport à l’édition tête-bêche, on économise donc du papier – tout en évitant de devoir gérer deux stocks.
Reprenons notre exemple et imaginons que notre magazine (48 pages) comporte environ un tiers d’illustrations (16 pages) et deux tiers de texte (32 pages dans chaque langue). Cela donne (1x16x3.500) + (2x32x3.500) = 280.000 pages, soit 17.500 feuilles. Bien entendu, le calcul sera différent avec 10% ou 50% d’illustrations.
4. L’alternance des langues
Certains éditeurs choisissent la voie de l’alternance : les textes ne sont pas traduits mais publiés les uns en français, les autres en néerlandais. C’est par exemple la formule de certaines publications lifestyle distribuées dans les avions ou les hôtels (et dans ce cas, la deuxième langue est souvent l’anglais). Elle présente l’avantage d’allier l’économie de moyens (pas de frais de traduction) et la simplicité de gestion (un seul produit, un seul stock).
Si l’on opte pour cette solution, il faut toutefois s’assurer qu’elle sera bien acceptée par les lecteurs – or, on sait quelles peuvent être les susceptibilités linguistiques. Un bon compromis peut consister à traduire les éléments les plus importants (par exemple, l’article principal du magazine) ou proposer un résumé de chaque contenu dans la deuxième langue.
Dans le cas de notre magazine, si l’on ajoutait 8 pages de traductions, on imprimerait (48+8 = 56 pages) x 3.500 exemplaires = 196.000 pages, soit 12.250 feuilles.
À chaque donneur d’ordre d’opter pour la solution la plus adéquate, en fonction de son produit et de son public.